Amelise

Une rencontre véritable, c'est la métamorphose des cœurs. Le livre d'Estelle Bernaud ouvre les pages de l'âme, les chroniques d'Amelise et l'histoire de Maj. Ce roman réalise avec finesse les portraits de deux femmes, à la manière d'un peintre en quête de sens. «Cette jeune femme est belle à regarder, ses seins ont l'allure de deux avenirs», «Le bruit de la rue accompagnait le silence. Amelise le rompit en quittant son enfance.» La solitude, le temps et la mort hantent tout le récit. L'écriture même du livre invente des urgences pour retrouver les enfances perdues. La vie quotidienne est comme une succession de faits divers sans importance. Les glissements furtifs des regards captent imperceptiblement l'attention du lecteur. «Nous sommes tristes, Amelise a égaré les mots dans la brume moussue de la mer.» Entre solitudes et oublis, ce livre déroule les destinées incertaines, grouille de vie. Mais nous sommes dans une gare sans train. Deux femmes dialoguent. Leur âme est en jachère malgré les bonheurs possibles : «Les rêves sont des oiseaux effarouchés, je suis comme eux dans cet isolement qui commence.» Le temps sèmera des graines de mémoire vives et charnelles. Que le lecteur se laisse embrasser par l'étonnant lyrisme d'images et de mots justes.